LA LANGUE D'OC : le limousin

Dans nos communes de CHARRAS, GRASSAC, COMBIERS, ROUGNAC et dans les communes avoisinantes, vous avez certainement remarqué depuis longtemps que nombre de personnes d’un certain âge parlent le " patois ". En réalité, dans nos communes et dans toute la partie est du département, on parle la langue d’oc ou langue occitane ou encore occitan.

La langue occitane est employée couramment dans tout le midi de la France : Limousin, Auvergne, Dauphiné, Gascogne, Guyenne, Languedoc et Provence. Dans une partie du département des Pyrénées orientales et dans le nord de l’Espagne, on parle une langue très voisine, le catalan.

L’Occitan est donc une LANGUE et non pas un patois : dérivé du latin, il fut écrit dès le début du moyen-âge, et ce, avant le français. De nombreux écrivains ont choisi cette langue pour s’exprimer ; elle a une orthographe et une grammaire. D’une façon plus précise, on parle en Charente occitane le dialecte limousin (ou périgourdin). Ce dialecte appartient aux parlers nord-occitans.

Bien sûr, il existe des différences de prononciation entre les divers villages, entre les diverses régions. Mais est-ce très étonnant puisque l’occitan n’est plus enseigné depuis près de cinq siècles.

De nombreux points communs réunissent tous les parlers occitans :

Le son " è " remplace le français oi : ex : tres pour trois

Le son " our " remplace le français " eur " : ex : flor (prononcez flour) pour fleur

Les infinitifs en " ar " remplacent les infinitifs en " er " : ex : chantar pour chanter

Le son " a " remplace le son " é " : ex : prat pour pré

Les articles " los " (prononcez lou) et " las " (prononcez la) remplacent le français " les "

Les participes passés au féminin se terminent par ada, ida, uda :

chantada, aimada pour chantée, aimée

partida, sentida pour partie, sentie

Venguda, beguda pour venue, bue

Des consonnes apparaissent au milieu des mots : ex : plejar pour plier.

Tous ces caractères sont d’origine latine car, de même que l’italien, l’espagnol, le portugais, l’occitan est resté plus proche du latin que le français.

Une phrase dans les différents dialectes occitans

(phrase française : " il n’eut plus de lit pour dormir la nuit, ni de feu pour se chauffer quand il avait froid ".)

En orthographe occitane, le O se prononce ou et le ò avec un accent se prononce o.Provençal (Arles)

Aguè(t) pu(s) de liè(t) per dormir la nuè(t), ni de fuo(c) per se caufa(r) quand avia fre(d)

Languedocien (Béziers)

Aguèt pus de lieit per dormir la nueit, ni de fuoc per se calfa(r) quand avia fre(d)

Limousin-Périgourdin (Charras et alentours)

O n’aguèt pus de liech per durmir la nuech, ni de fuòc par se chaufar quand o avia freg.

Pensez-vous que les gens qui parlent ces différents dialectes ne soient pas capables de se comprendre ?

A côté de ces points communs, il existe de légères différences entre les parlers de la Charente Occitane (voir la carte sur la page suivante).

Ex : A Charras, on prononcera le " é " à la place du " a "

Lé femné ne volen pas chanté. (les femmes ne veulent pas chanter)

A Rougnac, on conservera le " a "

La(s) femna(s) ne volen pas chanta(r)

On remarquera donc que ces deux versions sont tout à fait différentes du parler de l’ouest de la Charente qui lui, n’est pas occitan mais de langue d’oil.

ex : Lés femmes n’veulant pas chanter.

La civilisation de notre région est également très marquée par l’influence occitane : les toits sont couverts de tuiles romaines comme dans tout le midi de la France. Les noms de lieux ou de personnes sont typiques de la langue d’oc.

Est-ce que quelqu’un s’est interrogé sur la signification des noms suivants : GROSBOT ? MONBEAU ? N’y a-t-il pas là une véritable aberration. La signification en langue occitane est " grand bois " et devrait s’écrire " GROS BOSC " et Mon Bois et devrait s’écrire Mon Bosc. Qu’attend-on pour leur rendre leur réelle orthographe ? ou encore le GRAND NADAUD qui signifie " le grand Noël " et qui devrait s’écrire si on garde l’idée occitane" LE GRAND NADAU "

Donc pensez-vous que le terme Centre-Ouest, appliqué d’ordinaire au Poitou-Charentes, soit adapté à notre secteur, que la langue rattache au Sud de la France ?

Il n’est pas question, bien sûr, d’abandonner le français qui est notre langue nationale, ni de vouloir l’indépendance de l’Occitanie. Cependant, il est nécessaire, très urgent, voire primordial de conserver notre langue occitane, de l’utiliser dans la vie quotidienne. Nous lançons un appel à tous les occitanistes qui s’ignorent pour nous aider à conserver et à développer ce volet de notre patrimoine qui est en train de disparaître en même temps que l’agriculture traditionnelle. Nous sommes prêts à aller faire des enregistrements chez les personnes qui parlent encore occitan et qui pourraient nous parler de la vie autrefois, nous narrer des " contes " traditionnels. Nous comptons sur vous.